Je ne peux exactement vous dire depuis quand , mais ça fait longtemps, très longtemps que cette porte n’a pas bougé. Non bien sûr je ne l’ai jamais oubliée, j’ai toujours su qu’elle était là, dans son coin, contre le mur, derrière un grand voile de toiles d’araignées et çà lui donnait un petit air pâlot et triste…
C’est peut-être aujourd’hui, non, pas peut-être, c’est aujourd’hui. J’attrape un balai,
la débarrasse de sa toile protectrice… voilà, c’est bien mieux… je la remets alors à sa place, la place qu’elle a toujours connue, la pièce du haut.
Elle en a vu dans cette pièce ! Des gens qui rentraient et sortaient, qui buvaient, mangeaient, dans les rires et la bonne humeur, elles en a même vu pleurer… Et puis des cols pointus, des cols ronds, avec dentelles, sans dentelle, des cols de curés, elle a même vu des fraises ! Les murs bleus pendant un moment , puis rouges; de nouveau bleus; elle a vu les meubles changer de place, revenir à leur place avant de disparaître un jour définitivement et être remplacés par d’autres…Elle a même vu partir celui qui en avait tant vu, lui aussi, sans jamais bouger de place… le grand miroir…
Elle se rappelle aussi des coups de pieds qu’elle recevait à la moindre résistance qu’elle offrait à s’ouvrir…
Et, un jour plus rien, le vide, le noir, l’oubli…
Le temps qui passe, les chandelles qui vacillent, des ombres
La pièce est vide…
texte et photos Gildas