Il suffi de parcourir certains chemins de randonnées et d’être un tant soit peu observateur pour découvrir que ces sentiers, pour un grand nombre sont des passages fréquentés des hommes et des animaux depuis…fort longtemps. Sur des tracés déterminés par le relief du terrain, la végétation et les points d'eau, des pistes firent leur apparition, qui ne devinrent des routes que lorsque «le travail des mains s'ajouta à celui des pieds» pour les régulariser, rendre le sol plus résistant, faciliter l'écoulement latéral des eaux de pluie et le passage des torrents, adoucir les montées et les descentes trop abruptes.
Les premières voies de communication terrestres furent, à n'en pas douter, de simples sentiers, péniblement frayés à travers les immenses forêts qui couvraient le sol. Pendant longtemps, et pour certaines régions jusqu'au XIXe siècle, le transport des biens et des personnes fut surtout fluvial.
Au Moyen Age et pratiquement jusqu’au XVIIIème siècle l’état des routes en Aquitaine était catastrophique…
Certes restait-il de l’occupation romaine de véritables routes (la Carrèrasse, la Ténarèze et la Peyrigne, ces deux dernières étant deux grandes routes allant vers les Pyrénées) tracées elles même sur d‘anciennes voies, sentiers, pistes, chemins ouverts par les peuples Gaulois, Ibères et les peuples antérieurs.
Elles étaient accessibles aux plus lourds charrois et reliaient directement les principales agglomérations, mais ces voies de communication étaient elles aussi en fort piteux état. L’entretien des routes et chemins est resté à l’abandon du Vème au XIème siècle.
L’augmentation de la population, le développement du christianisme et la foi chrétienne pendant le Moyen-Age ont donné le signal de la réaction contre cet abandon déplorable. Les pèlerinages vers les lieux saints se multiplièrent: des hôpitaux, des hospices, des gîtes, des asiles, des villes nouvelles, s’établirent le long des grands itinéraires; des monastères, des foires et marchés s’organisèrent à côté de ces lieux en renom, de sorte que l’activité voyageuse, d’abord inspirée par le sentiment religieux, se généralisa sous l’influence des besoins matériels.
Du XIème au XIIIème siècles, les ordres monastiques, les seigneurs, les villes émancipées de l’Aquitaine se mettent à l’œuvre pour effectuer les travaux les plus urgents.
On considère comme « œuvres méritoires » l’amélioration des routes et l’établissement de ponts.
Pont du moulin des tours de Barbaste, il était situé sur un point stratégique, au croisement de la Ténaréze et de l'itinéraire médiéval allant de Bordeaux à Toulouse
Aux XIème et XIIème siècles, la France s’est hérissée de châteaux forts; les villages d’origine féodale s’étaient établis sur les pentes, blottis autour de ces châteaux . Avec le retour des temps plus calmes, la population descend dans les vallées. Pour des raisons politiques, économiques, militaires, on voit surgir du sol aquitain de nouveaux hameaux, des bourgades nouvelles dites « bastides ». Pour desservir ces nouveaux centres de peuplement, les nouvelles routes empierrées durent, elles aussi, délaisser les crêtes et se rapprocher des plaines; de plus en plus, il fallut avantager les charrois au détriment des transports à bats.
N’ayant point d’argent on eut recours à la « corvée » des hommes, des bêtes de somme. Les trois quarts des dépenses d‘entretien étaient payés en nature par « la corvée des grands chemins », le reste provenant du trésor royal, du produit des péages et d’impositions diverses frappées sur les villes et les généralités. Cette corvée fut abolie en 1786 et remplacée par des prestations en nature, libérables en argent…
Le produit des péages, les dons charitables ou inspirés par des motifs pieux apportèrent des ressources qui furent affectées à l’amélioration des chemins conduisant vers les sanctuaires réputés de Saint-Bertrand de Comminges, de Saint-Jacques de Compostelle et autres nombreux lieux d’adoration…
En 1259, les Bénédictins construisaient le premier pont sur la Gélise. (tout près de Nérac)
La vitesse horaire, y compris les arrêts, était restée jusqu’à la fin du XVIème siècle de l’ordre de 2,5 kilomètres à l’heure. La distance parcourue par journée de voyage était sous le règne de Louis XIII de 30 kilomètres, mais à la condition; que la roue du charroi ne céda point dans une ornière traîtresse, que les bêtes de somme et les chevaux ne se fassent mauvaises blessures, mais le plus détestable était les rencontres, les mauvaises rencontres, les fâcheuses, les fatales…
On ne voyage jamais seul au Moyen Age sauf dans des cas très particuliers (ermites, pèlerins, colporteurs…). Du moins, cela dépend du rang social : plus on est haut, moins on voyage seul. Un baron se déplace avec sa cour, un chevalier avec son écuyer, un marchand avec ses congénères. Se déplacer seul, c’est vulgaire ! C’est du domaine des vilains, dans tous les cas, c’est dangereux. Toute personne qui voyage seule est suspecte. Dans le même raisonnement, on évite de voyager la nuit.
Alors, bonne marche!
Gildas