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  • : La maison de Luther
  • : Le fil conducteur de ce blog est la restauration d'un hôtel particulier du XVII ème sur des bases médiévales. Je vous ferai découvrir aussi les châteaux de l'Albret et du Lot et Garonne, je vous parlerai de sauvegarde du Patrimoine et de l'histoire de Nérac à travers ses vieux quartiers, ses bâtiments, son architecture. Je vous souhaite une agréable visite
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De la cave au grenier

 

 

 

 



       

       

        

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 15:22

La machine infernale

 

Machine infernale

  En août 1693, les Anglais tentèrent d'anéantir la ville de Dunkerque à l'aide d'une machine infernale ; c'était un long navire maçonné en dedans, chargé de barils de poudre, de poix, de soufre, et de 350 carcasses contenant des boulets, des chaînes, des grenades, des canons de pistolets chargés, des toiles goudronnées et autres combustibles

La Machine infernale est un bâtiment à trois ponts chargé au premier de poudre, au second de bombes et de carcasses, au troisieme de barils cerclés de fer pleins d'artifices, son tillac aussi comblé de vieux canons et de mitraille, dont on s'est quelquefois servi pour essayer de ruiner des villes et différents ouvrages.

Les Anglais ont essayé de bombarder et de ruiner plusieurs des villes maritimes de France, Dunkerque et Saint Malo, avec des machines de cette espèce, mais sans aucun succès.

 

 

 

 

Extrait du récit du bombardement de Dunkerque « Histoire militaire de Flandre, depuis l'année 1690. jusqu'en 1694 » écrit par le Chevalier Jean De Beaurain (1696-1771).

plan du mouillage"Pendant que les Alliés agiffoient fur la Meufe, leur flotte fe montroit fur les côtes de Flandre, pour partager l'attention des troupes Françoifes fur cette frontière : elle fe préfenta le 20 devant Dunkergue, & paroiffoit vouloir entrer dans la rade: fur  cette nouvelle , M. le Maréchal de Villeroy s'y rendit le 2 avec M. le Duc du Maine & M. le Comte de Touloufe, & y fit marcher deux Régimens Dunkerque sous le feu Anglaisde Dragons & fept cens Grenadiers. Les Milices Boulonnoifes y arrivèrent d'un autre côté, fous les ordres de M. le Duc d'Aumont. Les ennemis firent approcher très près des forts avancés, des bâtimens compofés : ils fe promettoient de détruire ces forts, & de caufer beaucoup de dommage dans la ville ; mais ils n'eurent aucun fuccès, & ils fe contentèrent d’y jetter des bombes le 24 & le 25 : voyant qu'elles faifoient peu de défordre, ils allèrent fe préfenter devant Calais, qu'ils bombardèrent auffi pendant vingt-quatre heures affez

inutilement; & le 29, la mer devenant difficile, ils s'éloignèrent de la côte, & ne reparurent plus."

 

 

 

Flotte anglaise devant Dunkerque

 

  Illustrations: photos provenant du livre « Histoire militaire de Flandre, depuis l'année 1690. jusqu'en 1694 » écrit par le Chevalier Jean De Beaurain (1696-1771).

 

 

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 16:48

chateau 01Il ne reste du vieux manoir des sires d'Albret que l'aile gauche ou septentrionale.Il existe un plan en relief qui donne une idée exacte et complète des quatre corps dont se composait autrefois cette demeure. Quatre grosses tours la flanquaient, chacune à l'un des angles extérieurs de ce vaste quadrilatère, sans compter les deux tours qui en défendaient le pont et l'entrée du côté de la nouvelle ville, plus une tour placée à l'angle formé intérieurement par la jonction du corps oriental avec l'aile septentrionale, ainsi qu'un donjon adossé, du côté de la cour, au centre de la façade intérieure de ce même corps oriental, et, enfin, une dernière tour, dans laquelle se trouvait un escalier en pierre, conduisant au pont jeté sur la Baïse, pour relier le grand parc au château.

 

Epoque de construction : 14e siècle ; limite 15e siècle 16e siècle ; 1ère moitié 16e siècle ; 2e moitié 16e siècle ; milieu 19e siècle

 

Câteau base MériméeHistorique : Une demeure seigneuriale, appartenant à Arsieu d'Olbion, est mentionnée en 1088 ; un château est tenu par Amanieu VI d'Albret en 1259 ; l'édifice est reconstruit entre le 14e et la fin du 16e siècle, au moment de l'apogée de la famille d'Albret, sur un plan quadrangulaire :nerac chateau aile ouest édifiée par Amanieu VII avant 1389 selon J.B. Marquette, aile nord élevée par Alain le grand au tournant des 15e et 16e siècles, aile est construite peu après dans la 1ère moitié du 16e siècle, aile sud de la 2e moitié du 16e siècle ; des rénovations sont notées dans les comptes au 16e et au début du 17e siècle, en 1584 notamment, sous le règne d'Henri III de Navarre ; la chambre de l'édit de Guyenne et la chambre des comptes y sont logées ; en 1783, l'aile orientale est en ruines ; le château est démantelé sous la Révolution, seule reste l'aile nord ; monument historique depuis 1862 ; en 1867, la municipalité décide d'y installer l'hôtel de ville.

 

    Viollet LeDucEugène Viollet-le-Duc dessine un projet de restauration avec construction d'un nouveau corps de bâtiment derrière l'aile existante, projet non réalisé faute de financements ; en 1924, expropriation des occupants du château, démolition du bâti dans la cour, restauration de la charpente, de la couverture, de la façade et de l'intérieur sous la direction de l'architecte Poutaraud ; restaurations plus ponctuelles sous la direction de Mastorakis, architecte en chef des monuments historiques, en 1968.

 

Base de recherche Mérimée

 

 

 

 

 

 

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 16:09

 

blason nérac soleil 

C'est en juillet 1306 que Raymond de Galard, abbé et premier évêque de Condom, fit cession à Amanieu VII, sire d'Albret, de la seigneurie de Nérac, en échange de certains avantages. ( A.N R2 99 )

En décembre 1310. le même Amanieu fit choix d'arbitres pour établir les droits respectifs du seigneur et des habitants de Nérac. L'article 22 portait que le seigneur donnait à la ville et à la seigneurie de Nérac un sceau qui portait d'un côté l'image d'un évêque tenant une crosse dans la main gauche, et, d'autre part, un homme à cheval avec un bouclier suspendu à son cou. C'était en somme l'union du spirituel et du temporel. L'article rappelait en outre, que l'usage de ce sceau serait gratuit et qu'il ne serait appliqué qu'aux actes de justice et à tous autres intéressant la communauté et émané du seigneur (B.N. 4. LK7 25592). On ne sait toujours pas jusqu'à quelle époque il fut fait usage de ce sceau, mais on est porté à croire que Jehanne d'Albret, passée au protestantisme le 25 décembre 1560, ne pouvait que négliger le sceau de sa ville où figurait un évêque et qu'elle entendit le remplacer par un autre à la mesure des croyances de la population. En effet, en juin 1559, Calvin fondait l'Académie de Genève dont l'emblème était le soleil. Cette année-là, venant de Genève, deux ministres se fixaient à Nérac : Gilles Dubroqua et Jehan Graignon. L'année suivante, de Genève encore, venait un troisième ministre : Baptiste du Chastelet.

Dès lors la ville, bien soutenue par la Reine, ses trois ministres et la presque totalité des habitants, s'affranchit de toute ingérence catholique, et c'est sans doute de cette époque que date le méreau au soleil de Genève reproduit sur le sceau de la ville.

En 1666, M. Dunoyer avait fait une déclaration formelle sur l'origine du soleil utilisé dans la décoration. M. Troishenrys, mandaté par l'évêché, l'attribuait aux armes de la ville. On est étonné que la révélation inattendue de Dunoyer n'ait pas engagé son contradicteur à supprimer cette similitude en faisant modifier immédiatement les armes de Nérac.

En 1654 et en 1656, le sieur Ducasse, garde des archives de la ville, tenu à l'expédition des actes, avait soin de mentionner au bas des pièces : « ...pour la plus grande validité, scellé du sceau de la ville » (A.N. R2 110).

blason nérac002Ce sceau, dont voici le fac-similé, est la reproduction fidèle du méreau. Il est plaqué sous papier, d'une largeur totale de 3 centimètres, et consiste en un soleil rayonnant dont le centre, un peu détruit, offre un cercle au milieu duquel devait se trouver un monogramme. Autour du soleil, sur un bandeau distinct, on lit :

Christus noster sol justitse

De nature essentiellement religieux, il n'a donc rien de municipal puisqu'il ne porte ni le nom de la ville ni la lettre classique S (sigillum).

Les Néracais tinrent à leur soleil qui fut souvent reproduit. Ainsi, en 1679, les Doctrinaires visaient dans un mémoire, le consul Pierre David qui avait fait confectionner cinq drapeaux « à l'un desquels il a fait mettre les armes du Consistoire » et qu'il utilisait aux funérailles des réformés.

Il y a mieux encore. Pour se conformer aux prescriptions de l'édit donné à Versailles en novembre 1696, touchant la déclaration des armoiries, la Jurade de Nérac, composée d'imparfaits convertis, voulut assurer la pérennité de son méreau en faisant enregistrer par les commis de d'Hozier :

«  D'azur à un soleil dont on ne voit que les rayons, le corps estant couvert d'un tourteau de gueules chargé d'un nom de Jésus à l'antique d'or. Le tout enfermé dans une orle d'argent sur laquelle sont escrits en lettres capitales de sable ces quatre mots : Christus noster sol justiciae »(D'Hozier, registre de Guienne, Condom. Etat présenté le 8 février 1698).

blason nérac003

 Le méreau du Consistoire de Nérac et armes de la ville XVI ème siècle

 

Sources:

Archives nationale

Bibliothèque nationale de France

Revue de l'Agenais 

 

 

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 00:00

Une excellente initiative de la part de la Communauté de commune du Val d'Albret qui a recruté un archéologue indépendant pour mener à bien les missions qui lui seront confiées concernant le patrimoine architectural du pays d'Albret. 

 

Archéologie moulin des Tours001 

 extrait article "Loisirs du Val d'Albret" dans le journal du Val N° 14 

 

 

 

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 14:48

 

Rencontres, conférences, tables-rondes à l'Espace d'Albret.

Le 6 novembre 2010 de 9 heures à 17 heures.

Stands, présentation d'ouvrages neufs et d'occasion.

Entrée gratuite.

 

Journée du livre d'Histoire de Nérac Tours002 

 extrait article "Loisirs du Val d'Albret" dans le journal du Val N° 14

 

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 18:15

 

Algernon Sydney

 

 

  Parmi les papiers des ducs de Bouillon, séquestrés au cours de la Révolution, on trouve une lettre datée: Nérac-janvier, et signée Sidné (Arch. Nationales R2 82).

Elle cause quelque surprise autant par sa teneur que par la signature d'un nom étranger à la ville et même à la région.

Cette lettre fut adressée à M. Bafoyl, conseiller secrétaire agent général des affaires du duc de Bouillon, rue de Seine, près du Collège des Quatre-Nations, à Paris. Si ce Bafoyl fut aisément identifié, il n'en fut pas de même de Sidné dont les termes de sa lettre révèlent un caractère ardent, autoritaire, se ressentant d'une origine élevée et d'une habitude de commandement longtemps exercé. La lettre, qui est trop longue pour être donnée in-extenso. débute ainsi :

« Pour m'acquitter de la promesse que je vous fis de vous donner avis des affaires de ce pays, je vous dirai, etc., etc. »

Et comme Sidné parle souvent de l'intérêt qu'il porte au duc, on peut être assuré qu'il était de ses amis et placé à Nérac en observateur, à une époque où la ville, par la faute de ses dirigeants, était livrée au désordre et à la gabegie dans tous les domaines.

Il signale bon nombre de Néracais tels que le sieur Poul, lieutenant assesseur, qu'il traite d'idiot, le sieur Masparault, piètre avocat auquel on ne pouvait confier un procès d'un écu, les frères de Casmont, de mauvaise conduite, dont l'un inquiété pour cause de l'assassinat d'un officier, dans son lit. Puis un certain Lavallade et David, turbulent apothicaire. Il parle aussi du braconnage pratiqué dans le parc de Durance, de la complicité des gardes et fait allusion aux chasses mieux surveillées de M. de La Rochefoucauld et de Mme d'Hauterive, de Ruffec, qu'il paraissait bien connaître. Mais le personnage le plus souvent nommé, à ses yeux le plus coupable, était Mazelières, ce même Paul de Mazelières que le duc avait promu Gouverneur et Intendant d'Albret en 1675. Sidné s'étend sur ses propos irrespectueux à l'égard du duc, sur ses vilenies dont on ne peut douter puisque quelques Néracais, outrés de ses méchancetés et victimes de ses injustices, l'assassinèrent le 30 septembre 1680.

Vers la fin de sa lettre, une phrase devait retenir mon attention :

« Quant au reste, je ne puis pas prendre intérest à rien icy ou si les eusse jamais pris les lettres que je reçeus d'Angleterre la sepmaine passée m'en détacherait. »

Ce passage assez énigmatique devait, cependant, clarifier une hypothèse. Sidné était-il Anglais ? En poursuivant mes recherches, j'acquis la certitude que Nérac, depuis assez longtemps, donnait asile à un personnage de qualité.

robert SidneyIl s'agissait, en effet, de Sir Algenor Sidney, né en Angleterre en 1622, fils de Sir Robert Sidney, comte de Leicester, vicomte de l'Isle, baron de Penhurst, ancien ambassadeur, chevalier de l'Ordre de la Jarretière, conseiller d'Etat, et de Lady Dorothée Percy de Northumberland. Cet aristocrate bon teint se rangea sous la bannière de Cromwell pour combattre Charles Ier, roi d'Angleterre, qui s'était rendu odieux par ses attaques aux libertés publiques et sa persécution des presbytériens écossais et des puritains anglais.

A Cromwell s'étaient joints Fairfax, Ludlow, Milton et notre Sidney, qui furent qualifiés dès lors « indépendants » et « républicains ».

Charles Ier, réfugié en Ecosse, leur fut livré; ils épurèrent le Parlement et firent déclarer le Roi coupable de haute trahison. Condamné à mort, il fut décapité en 1649, devant le Palais de Whitehall.

Déjà, Sydney avait participé à des mouvements. En 1642, il avait contribué à la répression de la rébellion d'Irlande, avait adopté en 1643 la cause du Parlement et était devenu gouverneur de Chichester. En 1647, il avait repris du service actif comme lieutenant-général de cavalerie. Nous le voyons gouverneur de Douvres en 1648, enfin ambassadeur en Suède et au Danemark.

Toute révolution a son revers. Charles II, fils du supplicié, fut reconnu Roi en 1660; il ne restait plus aux régicides que de prendre le chemin de l'exil.

Cromwell mourut, Fairfax trahit son parti en favorisant la Restauration, Sydney et Ludlow voyagèrent beaucoup et Milton, qui avait été secrétaire de Cromwell, devait mourir en 1674, pauvre et aveugle, après avoir dicté à sa femme et à ses deux filles son chef-d'œuvre : « Le Paradis perdu ».

Sydney quitta le Danemark en 1660, passa à Hambourg, puis à Ausbourg et enfin à Venise. A Rome, en novembre 1660, il fut reçu avec égards et courtoisie par le Cardinal Azzelini (Barbe-rini). En été 1661, le Prince Pamphili, neveu du Pape, l'installa dans une villa de Frascati. Vers août 1663, il passa trois semaines à Vevey avec Ludlow. En décembre, on le voit à Bruxelles et de nouveau à Ausbourg. En 1665, il revint en Hollande puis gagna Francfort.

A son passage en Hollande, il avait approché le grand patriote Jean de Witt qui le recommanda à notre ambassadeur, le Comte d'Estrades, un Agenais. Ce dernier écrivit à Louis XIV:

« M. de Witt me prie de donner un passeport pour aller en France aux sieurs Sidney et Ludlow. Ce sont deux personnes de grand mérite. Ils sont à Francfort et ont désiré aller trouver Votre Majesté pour des affaires importantes. »

L'ambassadeur écrivait aussi à M. de Lionne, secrétaire d'Etat des Affaires étrangères:

« M. de Sidney, personne de qualité et de grand mérite et qui a été employé dans de grandes ambassades par feu le Protecteur, m'ayant témoigné que dans cette conjoncture que le Roi a déclaré la guerre contre l'Angleterre, il souhaitait se mettre sous la protection de S.M. et aller lui-même en France offrir ses services si l'occasion s'en présente, j'ai estimé à propos de lui envoyer mon passeport pour ne retarder pas l'occasion qui pourrait se présenter au service de S.M. dans cette conjoncture, me remettant, Monsieur, à ce que vous jugerez plus à propos après avoir entretenu M. Sidney. »

Godefroy comte d'EstradesSidney, bien qu'éloigné, conspirait toujours et supposait que Louis XIV, à qui il offrait ses services par l'intermédiaire du Comte d'Estrades, serait peut être disposé à déclarer la guerre à l'Angleterre où régnait depuis peu Charles II, son cousin germain. Louis XIV le reçut, en effet, et nota dans ses Mémoires :

« J'écoutai les propositions qui me furent faites par M. Sydney, gentilhomme anglais, lequel me promettait de faire éclater dans peu quelque sotdèvement, en lui faisant fournir cent mille écus. mais je trouvai la somme un peu forte pour l'exposer ainsi sur la foi d'un fugitif, à moins de voir quelque disposition aux choses qu'il me faisait entendre. C'est pourquoi je lui offris de donner seulement vingt mille écus comptant avec promesse d'envoyer après atix soulevés tout le secours qiri leur serait nécessaire aussitôt qu'ils paraîtraient en état de s'en pouvoir servir avec succès. »

Voilà un point d'histoire qui prouve bien que Louis XIV n'était pas opposé au soulèvement que Sidney aurait tenté s'il avait obtenu la somme demandée. Le projet échoua et, plus tard, Colbert écrivait que le Roi ne se souciait pas de savoir Sidney à Paris ou en Languedoc pourvu qu'il ne revint pas en Angleterre. C'est, en effet, en Languedoc que nous retrouvons Sidney. Le 6 octobre 1668, à Montpellier, il délivrait à M. Daniel d'Abre-nathée, ministre protestant au Caila, un certificat portant témoignage de l'ancienneté de sa famille, d'origine écossaise. Comment Sidney avait-il échoué à Montpellier ? En été 1670, il était à Paris.

C'est dans les années qui suivirent que les Néracais durent être saisis d'étonnement en voyant descendre d'un équipage un grand seigneur et ses laquais, dont ils ignoraient l'origine, accueillis avec déférence, sans doute par des notables au nombre desquels devait se trouver M. de Canterac, gouverneur du Château, dûment instruit de cette arrivée dont nous ignorons la date précise. On peut avancer qu'elle fut antérieure à l'an 1674. Les registres paroissiaux de Nérac nous en donnent la preuve:

« 13 mai 1674, à Nérac, publication du ban de mariage d'Olivier de Cheyney, fils de feu noble François de Cheyney, natif de Excès (Essex), en la Comté de Sophol (Suffolk), en Angleterre, épousant en la maison de M. le Comte de Sidné (Sydney). Et Demoiselle Suzanne de Groundoy (sic), fille de Noble Pierre de Groudovy (sic), dans le Comté de Devoncher (Devonshire), en Angleterre. >

Nous ne savons rien de ce M. de Cheyney, en séjour à Nérac chez M. Sidney et assez lié avec lui pour se marier en sa maison.

Nous avons vu dans sa lettre à M. Bafoyl, simplement datée « Nérac-janvier », que Sidney faisait allusion à des nouvelles venues d'Angleterre qui semblaient le préoccuper. Cette lettre est de janvier 1677. Diverses notes nous apprennent que son père, fort malade, désirait le revoir avant de mourir. Telle était son inquiétude. Grâce à son neveu, le Comte de Sunderland, et à la protection de son grand ami Sir Henry Saville, ambassadeur d'Angleterre à Paris, il obtint un passeport qui lui permit d'arriver assez tôt:

« My father being dead ivithin six weeks after my arrivai. »

(Mon père étant mort six mois après mon arrivée), le 2 novembre.

De Londres, le 29 novembre 1677, écrivant à un ami, il parlait de quelques ennuis qu'il avait avec un de ses frères au sujet de la succession et confessait qu'après le règlement de ses affaires il désirait quitter l'Angleterre à jamais et acheter une habitation agréable en Gascogne, pas loin de Bordeaux où il finirait les jours que Dieu lui réserverait. Il ne pouvait s'agir que de Nérac! Sa dernière lettre de Londres est du 31 octobre 1679. Malgré son désir de ne plus revoir l'Angleterre, il résolut d'y revenir et comme un nouveau passeport était indispensable, de Nérac, où il était revenu, il écrivait le 18 décembre 1682 à son ami Saville et le priait d'obtenir cette pièce. Atteint de nostalgie, il ajoutait:

« / désire no more than to return on this side the seas after the three months where i intend to finish my days without thin-king any more of living in England. »

(Je ne désire rien d'autre que de revenir de l'autre côté de cette mer où j'ai l'intention de finir mes jours sans plus penser à vivre en Angleterre.)

Il obtint ce passeport qui devait lui être fatal. Charles II régnait toujours et n'avait pas oublié ceux qui avaient provoqué la Révolution et la mort tragique de son père. Sidney, une fois encore, bravait le danger. Fort suspect à la Cour, il fut arrêté chez lui le 20 juin 1683, à une heure de l'après-midi, alors qu'il était à table, et fut jugé le 26 novembre. Au cours de son procès, on entendit son valet, Joseph Ducasse, qui vint déposer devant la Chambre des Lords. Mais qui était donc ce Ducasse, au nom bien français, sinon gascon ? On va vous le dire. C'était Joseph Ducasse, fils aîné de Jérémie Ducasse, sieur de Lacouture, de Nérac, qui était sorti de France pour cause de religion et s'était retiré en Angleterre « sous la livrée d'un valet du Comte de Sidney », ainsi qu'il est rapporté aux dossiers TT 122 et 127 des Archives Nationales.

Sidney fut exécuté le 7 décembre 1683. Enseveli à Penhursthouse and garden, son épitaphe porte:

« Ici repose le corps de l'Honorable Algenor Sydney, écuyer, second fils du Comte de Leicester, qui décéda dans sa 61e année, l'an du Seigneur 1683. »

Notons que par erreur bon nombre d'ouvrages anglais et français donnent l'année 1682.

On ne sait si les Néracais se doutèrent de l'importance de ce personnage et du rôle qu'il joua dans cette Angleterre si fortement secouée au XVIIe siècle. Ils retinrent, à n'en pas douter, sa vie fastueuse, son train de maison, le nombre de ses valets, autant de choses qui témoignent de sérieuses ressources. Sydney était fort riche. Dans sa lettre du 15 février 1678 adressée à son ami Benjamin Furly, à Rotterdam, il disait bien que son père lui avait légué une somme considérable dont il pensait envoyer une partie outre-mer; quant à l'autre, il voulait l'affecter à un achat; sans doute pensait-il à cette habitation agréable en Gascogne.

Si nous ignorons tout de son comportement à Nérac à l'égard des habitants, de ses réceptions, de ses habitudes, bonnes ou mauvaises, on peut croire qu'il faisait bonne chère, copieusement arrosée. Nous en trouverions presque la preuve dans une de ses lettres à Furly. Il lui mandait qu'un de ses amis avait acheté, pour sa consommation personnelle, une certaine quantité de vins français et vingt pièces de « Brandy ». Grand buveur, il devait l'être assurément puisque son verre à boire consistait en un énorme gobelet d'argent qu'il faisait circuler autour de sa table pour que chaque convive y pût boire, à tour de rôle, après l'avoir de nouveau rempli. Il le légua à son ami Furly, de qui il revint à la famille de Lord Shaftesbury.

Ayons un souvenir pour ce sujet britannique qui goûta les charmes de la Gascogne et qui y vécut assez longtemps pour apprécier les bords de la Baise et les préférer à ceux de la Tamise.

 

Revue de l'Agenais 1965

Archives Nationales

G. de Lagrange-Ferregues.

 

 

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 14:25


fontirou ruine

 

    Lieu dit : Castella département du Lot et Garonne.

Cette petite forteresse se situe au cœur du Lot-et-Garonne, entre Agen et Villeneuve-sur-Lot, sur le plateau calcaire du pays de Serres.

Il faut suivre au milieu d’une chênaie , un chemin empierré, légèrement en pente, bordé par de hauts talus abandonnés aux mousses et aux fougères pour arriver à cette petite mais imposante forteresse du 13ème siècle.

fontirou façade occidentale

Il subsiste le donjon et une partie des murailles.

Ce château emprunte son nom à la grotte d’une même nom « Fontirou » cette dernière se situe dans un petit vallon au nord, pratiquement au pied de la muraille.

Une abondante source, résurgence de la rivière souterraine qui irrigue la grotte, traverse les vestiges d’un ancien moulin.

Diane de Poitiers fut propriétaire de la tour de Fontirou.

La tour de Fontirou est citée en 1259.

Ce site est une propriété privée qui ne se visite pas. ( toutefois il est à noter qu’il existe le projet: faire de ce lieu un musée du protestantisme)


                                                                     Gildas.

 

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 14:40


Villeneuve de Mezin 018-copie-1

Je souhaite un joyeux Noël 2010
à tous les membres de la communauté Le Moyen Age
 
ainsi qu'à toutes les personnes qui poussent la porte de mon antre.


Gildas.



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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 16:32
 


    Par un dimanche de décembre à la mine de plomb: nuages bas aux couleurs de l'ardoise, crachin , averses soudaines; pour résumer un temps idéal et des plus propice à la balade ( question de goût ! ) , je décide donc, vers 3 heures de l'après-midi, d'aller crotter mes poulaines dans le "cagadou" de Villeneuve de Mézin. Je n'ai quand même pas grand courage à le faire, Villeneuve de Mézin étant à un petit quart d'heure de chez moi...
Le village de Villeneuve-de-Mézin se situe en Lot et Garonne, à la frontière du Gers. Il est considéré comme l'une des nombreuses bastides fondées au XIIIe siècle en Gascogne.
L'église St-Jean, fortifiée à la fin du XIIe siècle, et sur laquelle se trouve un chemin de ronde, est implantée dans une enceinte fortifiée médiévale, dont subsiste le côté Sud. A l'intérieur de cette enceinte s'adossent des maisons mitoyennes.


Porte d'accès à la bastide côté sud

Selon Marboutin, l'église est donnée à Saint-Sever par Guillaume Sanche de Gascogne à la fin du 10e siècle, au 12e siècle, la cure dépend du prieur de Fonclair (Buzet-sur-Baïse). L' édifice date de la fin du 12e ou du 13e siècle ; il est construit à l'intérieur des fortifications du castrum de Villeneuve de Mézin mentionné en 1259. Cette église fortifiée est dotée de salles hautes sur le choeur et sur la nef. A la fin du Moyen Age, de nouvelles salles hautes sont édifiées au-dessus des 1ères, avec chemin de ronde, créneaux et hourds, la ligne de trous de boulins en atteste. A la fin du 16e ou au début du 17e siècle, la nef est voûtée, prenant une partie de la hauteur de la 1ère salle haute, et un 2ème vaisseau est construit au sud de la nef, les voûtes de cette dernière sont peintes au 17e siècle.


Façade sud
Latrine
Eglise carte postale ancienne
Vieux château carte postale ancienne
                                                                        Gildas


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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 14:11

 

 


                                               

 

    Au beau milieu des bois, au cœur de la forêt landaise, là où les pas laissent leurs empreintes profondes dans un sol marécageux, dans cet région des landes où le froid y est très vif le matin et le soir même en été; là ou jadis les exhalaisons de l’aube répandaient, miasmes et fièvres, se dresse, faisant face un vaste airial la maison forte de Capchicot.



La maison-forte de Capchicot est un petit manoir du XVIe siècle, il est composé d’un seul corps de logis rectangulaire avec fenêtres à meneaux au 1er étage, flanqué de deux tourelles ; l’une au centre de la façade, elle fait office de tour escalier et d’entrée, l’autre à un angle. Toutes deux présentent un grand nombre d’archères et de bouches à feu. Sur la tour centrale, au dessus de la porte d’entrée subsiste les corbeaux d’une ancienne échauguette.

 


Cette maison forte servit de rendez-vous de chasse au roi de Navarre au cours de son séjour à Nérac de 1577 à 1587. elle joua également un rôle d'étape pour Henri de Navarre et ses agents comme le précisent les lettres d'anoblissement du maître des lieux par Henri IV en 1597. Capchicot servit aussi de gîte pour le maréchal de Praslin et Bassompierre, colonel-général des Suisses, lors de la campagne de 1620 menée par Louis XIII. En 1646, le seigneur de Capchicot et son fils furent assassinés par le gendre du seigneur d'Allons dans une querelle de préséance. Peu après, au cours de la Fronde, une unité de l'armée de Condé fit de Capchicot son repaire pour rançonner les environs de Casteljaloux, puis pilla le logis et incendia les communs. Les seigneurs de Capchicot s'installèrent alors dans leur château d'Aillas mais conservèrent Capchicot jusqu'en 1880. Les percements du rez-de-chaussée ont été largement modifiés.


Autres photos:
les ouvertures arrières corps de bâtiment détail ouvertutre
toit effondré de la tour d'angle
porte d'entrée de la tour escalier
détail du fronton de la porte de la tour escalier
maison forte vue de l'arrière

La petite Histoire

Le charbonnier Capchicot 

                                                                                                       Gildas



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